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MARCHABILITÉ : LE PARCOURS PIÉTON

Désirant créer une ville universitaire accessible à la marche, les concepteurs ont imaginé un axe piéton structurant qui distribue les bâtiments à vocation académique tout comme des commerces, des instituts et des logements. Ce parcours reliant le Centre sportif de Blocry au nord-ouest de la ville à la faculté d’architecture au sud-est crée une colonne vertébrale à Louvain-la-Neuve et génère une ambiance de rues piétonnes ainsi que de places publiques. Selon cette perspective, les concepteurs souhaitaient promouvoir un urbanisme " relationnel " où le rapport de proximité engendré par la densité et les réseaux piétons occasionneraient de multiples rencontres humaines (Remy, 2007).

Axe piéton universitaire
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LA LISIBILITÉ DU PARCOURS

Pour permettre aux citoyens ainsi qu’aux visiteurs de se repérer facilement dans une ville, il semble primordial qu’elle soit facile à comprendre, c’est-à-dire que les usagers doivent être en mesure de se faire une carte mentale des lieux en ciblant des points de repère. Selon Bentley, cette qualité spatiale d’un lieu se définit en fonction de sa lisibilité. À la suite de la perméabilité et de la mixité, cet aspect qualitatif d’une ville démontre la facilité à se retrouver dans l’espace public pour en apprécier l’expérience (Bentley et al., 1985).

 

Dans le cas de Louvain-la-Neuve, la représentation de la ville par les citoyens est acquise avec les années de résidence, mais pour les visiteurs elle est quelque peu nébuleuse : « Celui qui arrive pour la première fois est immergé dans un espace de rues et de places qui se perçoit un peu comme un labyrinthe » (Remy, 2007 : p.113). Les concepteurs désiraient, par le fait même, que les gens déambulent dans l’espace public, se perdent un moment et se retrouvent l’instant d’après. Toutefois, ayant eu la chance de s’entretenir avec une étudiante qui est allée étudier une session à l’UCL, il lui était nécessaire d’aborder les gens dans la rue pour trouver son chemin comme les parcours sont peu indiqués. La lisibilité ambiguë de la ville est, en fin de compte, occasionnée par la confusion de la trame qui perturbe les composantes repérables de la structure physique, c’est-à-dire les voies, les nœuds, les repères, les limites ainsi que les secteurs.

IMAGES

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Parcours labyrinthique
Source: UCLouvain, 2018
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Signalétique loin du parcours
Source: Google Street, 2018

LA RICHESSE DU PARCOURS ET DES PLACES PUBLIQUES

D’un autre point de vue, les qualités spatiales d’un espace public sont aussi définies par la richesse du milieu. Selon Bentley, il est possible de définir cet aspect par la capacité d’un espace à générer des expériences sensorielles chez les utilisateurs. Il soutient également que l’usager doit être en mesure de choisir l’expérience désirée selon le moment de la journée et de la semaine (Bentley et al., 1985).

 

À prime à bord, pour analyser l’encadrement bâti perçu par les piétons, il est important de définir cette structure physique. Imaginée comme une ville piétonne avec l’urbanisme sur dalle, l’échelle humaine comme base de composition urbaine était primordiale pour les concepteurs : « Il en résulta un souci constant de diminuer la densité perçue par rapport à la densité réelle » (Remy, 2007 : p.25). Cette considération de la densité et de l’échelle humaine a perduré dans la conception urbaine de la ville pour faciliter les rencontres fortuites et culturelles. Il s’agissait, en fin de compte, de créer une ambiance conviviale avec une perception visuelle de communauté. L’analyse du cadre bâti qui structure le parcours piéton a permis de démontrer que la majorité des bâtiments sont de R+3 ou moins, ce qui supporte l’idée des concepteurs de créer une échelle de quartier. Les bâtiments de plus grandes dimensions sont mis à distance de l’axe universitaire pour ne pas nuire à l’échelle humaine du parcours et servir, si possible, de points de repère dans la ville. 

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Carte représentant la hauteurs des bâtiments qui encadrent l'axe universitaire

Les coupes schématiques de rues permettent également de comprendre l’ambiance enveloppante du parcours piéton créée par les bâtiments de différentes hauteurs, avec ou sans retrait pour dynamiser les façades. La matérialité de ces surfaces verticales a été choisie pour passer le temps tout en participant à l’expérience sensorielle des piétons. La brique de différents tons dont la surface est texturée anime les rues et les rencontres humaines. Par ailleurs, comme il est réputé en Belgique de pleuvoir beaucoup dans une année, les concepteurs ont choisi de donner la possibilité aux piétons de pouvoir s’abriter sous des marquises tout au long de l’axe universitaire. Enfin, l’offre d’expériences variées pour les usagers peut aussi être générée par la diversification des textures au sol de même que par l’intégration de végétation. En raison de la dalle piétonne, l’espace public central est presque complètement sur un sol de béton (Remy, 2007).

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Grand-rue
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Rue des Wallons
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Avenue J.L. Hennebel
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Aspects physiques des rues piétonnes
Source: Google Street, 2018
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Marquises pour s'abriter des intempéries
Source: UCLouvain, 2018

LA ROBUSTESSE DES PLACES PUBLIQUES

Pour soutenir une expérience positive chez l’utilisateur, selon Bentley, il est aussi important que la robustesse d’un milieu permette une animation de l’espace public collectif. En d’autres mots, il s’agit d’offrir la possibilité aux usagers d’utiliser les lieux pour différentes activités et de leur permettre de s’approprier l’espace public. La considération du périmètre et des accès est aussi très importante pour offrir différents parcours pour traverser rapidement ou lentement, ou encore, pour rester un moment. De telle sorte, le confort et les différentes opportunités sont essentiels pour soutenir cette qualité spatiale d’un milieu (Bentley et al., 1985).

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Les places publiques de Louvain-la-Neuve

À Louvain-la-Neuve, la multiplication des places publiques en relation avec le parcours piéton favorise les opportunités de rencontres au sein de la ville. Les concepteurs ont choisi de créer des bâtiments simples et ordinaires pour miser sur la vie en communauté dans les espaces publics collectifs. En discutant avec l’étudiante mentionnée précédemment, elle a soulevé cette remarque en expliquant que les logements sont "moches" et, qu’entre amis, ils se retrouvent toujours dans les rues et les places (Mann, 2018). Elle a toutefois relevé que ces espaces comprennent très peu de mobilier urbain pour leur confort quotidien, mais qu’ils utilisent quand même l’espace en se regroupant au sol comme ils ne retrouvent pas de grands espaces conviviaux semblables à l’intérieur. D’un autre côté, les places publiques libres et peu aménagées permettent aux commerces des rez-de-chaussée de s’étendre sur l’espace public et d’animer les lieux selon une chrono-urbanité. La robustesse des places publiques varie ainsi selon leur conception et l’encadrement bâti qui les entourent.  La Grand Place et la Place de l’Université, de plus grandes dimensions, sont davantage programmées. Par exemple, deux fois par semaine des marchés sont dressés pour les citoyens (Mann, 2018). 

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Place des Sciences
Source: UCLouvain, 2018
Louvain-la-Plage sur la Grand Place
Source: La nouvelle Gazette, 2018

Par ailleurs, pour diversifier les accès aux espaces publics collectifs, les concepteurs ont réalisé une étude sur la relation de l'axe piéton avec les places publiques. Ce travail sur les seuils des espaces permet aux piétons de découvrir et de traverser différemment la série de places publiques.

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Marianne Dallaire

Relation des rues piétonnes avec les places publiques
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