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MIXITÉ

En design urbain, la mixité est définie comme étant une urbanité dans laquelle on retrouve différents usages, différentes typologies et différentes activités ce qui permet d’attirer des personnes d’horizons variés, à différents moments et pour différentes raisons (Bentley et al. 1985).

 

Comme nous l’avons déjà vu précédemment, le désir principal de l’administrateur général, Michel Woitrin, au moment de la réalisation du plan directeur était de construire une ville normale (Remy, p.9). Dans notre cas précis, où l’érection de Louvain-la-Neuve était centrée autour de l’université de l’UCL, la “normalité” recherchée par les concepteurs devait tout d’abord passer par une mixité urbaine qui allait permettre d’attirer des citoyens autres que des étudiants. Durant les premières périodes de design, à la fin des années 60, Woitrin attire son attention sur un urbanisme autrichien travaillant aux États-Unis, Victor Gruen. Ce dernier cherchait d’abord à créer des lieux où l’architecture de l’espace favorise la proximité entre des populations attirées à cet endroit à cause des activités qui s’y déroulent. Donc, à Louvain-la-Neuve, le point de départ ne serait pas le résidentiel, mais bien une séquence inverse, où l’université devrait se composer avec d’autres activités en vue de créer un milieu de vie et de travail à caractère urbain (Remy, p.21). Si on regarde la carte des usages plus bas, et qu’on y superpose l'axe piéton, on comprend rapidement que se sont les fonctions universitaires qui on d’abord structuré cet axe, avec à l’est une poche urbaine composée des facultés de sciences et à l’ouest une autre composée des facultés d’administration et du centre sportif. En périphérie, se sont les différents quartiers résidentiels qui viennent nourrir cet axe. En se rapprochant du centre, on voit surtout que les bâtiments sont d’usages mixtes et qu’on y retrouve un mélange de fonction universitaire, de commerces et de résidentiel, ce qui selon les concepteur permettrait de favoriser la rencontre entre différentes activités et du même coup, entre différentes populations.

De celà, une importante question se pose : est-ce que les fonctions universitaires, comme point de départ de cette ville, ne viennent pas diluer tout le reste et posent un frein à cette mixité? C’est ce que les concepteurs voulaient bien évidemment éviter. Déja, la proximité de la ville avec Bruxelles et l’implantation d’une gare efficace en son centre ont été des facteurs qui pouvaient jouer en faveur d’une mixité sociale. Cependant, cette proximité peut aussi devenir un couteau à double tranchant dans le sens où les gens y arrivent pour étudier ou travailler et repartent. Ce facteur temporel est important pour favoriser une bonne mixité (Bentley et aL. 1985), mais est-ce bien contrôlé à Louvain-la-Neuve? Lors d’un entretien avec Naomée Mann, une étudiante ayant fait une partie de son cheminement à Louvain-la-Neuve,  cette dernière mentionne à quelle point la vie urbaine n’est pas la même durant la fin de semaine (Mann, 2018). Les étudiants repartent dans leur famille après les cours et la ville est, du même coup, bien moins égayée qu’elle ne l’est durant la semaine. Pourtant, ce n’est que depuis 2001 que les résidents du site sont en majorité non reliés à l’UCL (Laconte, p.23). De grands projets immobiliers et commerciaux, comme celui de l’Esplanade et de la rue Charlemagne ont certainement contribué à offrir un second souffle à la ville et équilibrer la balance entre étudiant et non-étudiant. Il en va de même pour le bâti à caractère spécial implanté dans les années 2000, comme le musée Hergé, qui à sans aucun doute permis d’attirer un certain nombre de touristes dans la ville. La présence du plus grand complexe sportif de la Belgique, au Blocry, contribue aussi à attirer des gens de l'extérieur. Quoi qu’il en soit, cela ne permet pas tout à fait de faire vivre Louvain-la-Neuve par elle même et sans la vie étudiante, la ville n’aurait pas du tout la même énergie.

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En fait, on peut aussi se demander si a un certain point la fonction étudiante est réellement compatible avec d’autres. Un facteur en faveur de cette incompatibilité serait le bruit engendré par les nombreuses fête étudiantes (Mann, 2018) qui peut s’avérer problématique pour une cohabitation harmonieuse entre familles et étudiants. Ainsi, comme on a pu le voir sur la carte des usages, les familles se retrouvent plutôt dans les quartiers en périphérie, plus tranquille, alors que les étudiants, dans un esprit festif propre aux belges, se retrouvent plutôt vers le centre et le long de l’axe structurant. La seconde carte, présentée ci-dessous, permet également de comprendre qu'au centre de la ville, sur la dalle piétonne, une majorité des bâtiments sont à vocation mixte pour accueillir autant des logements que des commerces ou des instituts. Il s’agit davantage de kots étudiants pour loger la population universitaire des différentes facultés de l’UCL. Du côté du quartier de l’Hocaille à l’ouest de Louvain-la-Neuve, il est possible d’observer du résidentiel de plus faible densité avec la présence de maisons en rangées. Cette typologie à caractère plutôt familial suggère la présence d’une classe sociale autre que des étudiants. Dans le quartier du Biéreau au sud-est, la typologie de haute densité insinue, au contraire, la forte présence d’étudiants. De telle sorte, l’organisation résidentielle structurant l’axe piéton permet de caractériser les différents quartiers selon leur type d’usages et de populations.

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Carte des typologies structurant l'axe universitaire

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Maisons en rangées

Source : Google Street, 2018

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Kots étudiants

Source : Google Street, 2018

Félix Hamel + Marianne Dallaire

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